• Il est de ces personnes qui vous envoûtent, en un regard.
    J'ai rencontré ainsi, une telle créature, et son visage ne s'est au grand jamais, effacé.
    Mais la réalité nous rattrape, alors mieux vaut s'enfuir, loin.
    A elle, qui toujours restera dissimulée au fond de mon cœur, ces quelques mots sont dédiés.


    Poly – Déiste

    ( A Marine.)



    Eplorée au visage glabre,

    Où vas-tu donc verser l'étendue de tes larmes?

    Rivière vivante à la peau de nacre,

    Dans l'eau de tes sanglots vient s'embraser mon âme...

    Pâle figure dont la pureté en est presque insolente,

    Je noie mes passions indécentes

    A la clarté d'une lune pleine,

    Au creux de tes mains inhumaines,

    Et dans l'abîme aux mille cieux que m'offre l'éclat de tes yeux.

    Insoumise diablesse,

    J'ai détourné les dogmes pour que, dans toute église

    Et sur le moindre autel,

    En fervente dévote et en pieuse pècheresse,

    J'y loue tes lois perverses ; ô Toi mon Infidèle.

    Ma foi, aveuglément, s'adonne à tes préceptes ;

    Icône intemporelle ou Egérie d'un jour

    L’attrait de tes largesses m’enchaînera-t'il toujours?

    Mais...Ecoute! N'entends-tu pas au loin cette voix qui m'appelle?!

    Je chanterai tes louanges un autre jour, peut-être...  




    Lili-A. ©



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  • Comptine étrange, je crois qu'elle est venu crier pour moi mon indignation face à l'espèce humaine qui toujours, se pense au dessus de tout, et détruit tout ce qu'elle touche. La Nature reprendra son droit, tôt ou tard.


    Révélations



    J"ai le visage d'un être inconnu à ce monde, et l'esprit d'une étoile qui n'aurait pas de nom.

    Le parfum des abîmes est mon seul horizon.

    Issue de la poussière, je suis la prophétesse encore inavouée d'un siècle en éclosion...

    La terre est un vaste réseau où se créent des légions d'insectes batifolant qui s'imaginent,

    De l'Univers, être les plus puissants...

    Demain est aujourd’hui mais vous êtes ignorants ;

    Je suis la prophétesse et je viens vous instruire.

    Mes mains sont ainsi faites que l'on croirait des branches

    Dont chaque doigt en est le bourgeon en naissance.

    Si vous saviez seulement l'infime de ces germes,

    La connaissance y croît depuis bien des éons...

    Je suis la fée des rêves et de la destruction,

    J’ai fondé ma patrie sur l'annihilation.

    L'onde est ma voix, je vous compose...

    Ecrins d'atomes ; chantez donc l' Ö ...

    Le vent mon souffle, qui vous étreint :

    Dansez Humains, demain est loin ...

    Demain est une autre saison.  



    Lili-A. ©



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  • Vous aussi, j'en suis sûre, vous l'avez rencontré déjà, au moins une fois.
    Il existe dans tout cercle, admiré, illuminant les soirées de sa présence.



    L'homme-Paon


     

    Le voilà. Il entre dans la pièce.

    Les gens discutent, papillonnent... les verres s'entrechoquent au milieu de rires, dans le brouhaha des discussions croisées et de la musique. La fumée de cigarette a envahi les lieux, plongeant ses occupants dans une sorte de brouillard irréel.

    Il entre, donc. Et comme par enchantement, tout s'arrête.

    Le temps semble se figer. Tous les regards se tournent vers lui, tandis qu'il avance, de sa démarche nonchalante, un sourire conquérant aux lèvres.

    Un à un, il nous salue, nous embrasse, une main négligemment posée sur l'épaule. L'air de rien, il nous frôle, sans jamais se départir de son flegme.

    Peu à peu, comme si de rien n'était, les conversations reprennent, l'ambiance festive bat son plein, de nouveau. L'Homme-Paon a fait le tour de sa cour, et déjà, les quelques secondes ayant marqué son arrivée sont oubliées, comme si jamais le temps n'avait été suspendu.

    Un martini à la main, je m'esclaffe à une plaisanterie du comique de la soirée, qui semble rassuré d'avoir pu réintégrer son rôle de "pôle attractif" ; non sans jeter un coup d'œil vers le retardataire tant espéré.

    Celui-ci est assis en belle compagnie, comme il se doit, mais malgré le sourire bienveillant d'un châtelain attentif à sa suite, son esprit semble absorbé dans de toutes autres contemplations.

    Sans avoir le temps de détourner les yeux, son regard croise soudain le mien. Un instant, il me semble déceler dans le sourire qu'il m'adresse, comme un remerciement. Un secret partagé quelques fractions de seconde : au-delà de cette armure sans faille apparente, se dissimule un être simple et même un peu timide, qui s'ennuie des faux-semblants.

    Légèrement bouleversée par cette brève intimité, je m'éclipse discrètement vers la chaîne et me mets en quête d'un peu de musique. Je passe en revue différents albums, et opte finalement pour un "Floyd" première époque, avec le sieur "Barrett" au chant. Alors que je m'apprête à reposer le boîtier après avoir glissé le disque dans le lecteur, une main me frôle et me le prend doucement. Sa main...

    "Très bon choix. Ca fait longtemps que je ne l'ai pas écouté." Avec un sourire, il me tend la pochette du CD, puis reste là, immobile, à me regarder, les mains dans les poches.

    Un peu mal à l'aise, je fais le geste de lui montrer mon verre vide : "Je vais me chercher une bière... Tu en veux une? ".

    " Volontiers.".

    Il m'emboîte le pas jusqu'à la cuisine, dissimulant à peine son amusement devant mon air décontenancé.

    Galant, comme se doit de l'être cet Homme-Paon dans sa pavane, son armure réajustée, il m'ôte des mains les deux bouteilles fraîchement sorties du frigidaire, puis m'en offre une, une fois décapsulée.

    Nous trinquons silencieusement, mes yeux plongés dans les siens.

    Je me sens soudain idiote de cette emprise sous laquelle il me tient, et laisse échapper un léger rire.

    "Qu'est ce qui te fait rire?", me demande-t'il, intrigué.

    "Rien... Les silences me mettent mal à l'aise."

    Je souris, avant d'avaler une longue gorgée de bière glacée, à même le goulot.

    Naturellement, enfin, nous nous mettons à discuter.

    Je lui parle de mon univers, la musique, l'écriture... et de mon désir d'en faire ma vie. Lui n'entend rien aux arts, du moins à leur pratique, mais il est un "contemplatif", c'est ce qu'il dit.

    Il aimerait d'ailleurs beaucoup me lire, ou m'entendre jouer.

    "Et bien, les deux sont possibles! ; lui dis-je ; demain soir je donne un concert, dans une petite salle, et comme mes morceaux sont liés à certains de mes textes, ils seront entrecoupés de lecture."

    Je fouille dans mon sac à la recherche d'un carton d'invitation, que je lui tends.

    "Viens me voir, ça me ferait plaisir. "

    "Je viendrai.».

    Alors que je baisse la tête vers mon sac afin de le refermer, sa main glisse soudain à l'intérieur de mes cheveux, venant saisir ma nuque. Je relève les yeux vers lui, le regarde un instant, et l'embrasse.

    Notre baiser fait naitre en moi des sensations électriques. Il semble qu'une multitude de papillons miniatures s'en viennent effleurer ma colonne vertébrale de leurs membranes aériennes...

    La porte de la cuisine s'ouvre brusquement et quelques personnes font irruption dans la pièce. Ils ne prêtent pas attention à nous, mais la magie est brisée.

    Je lui souris, caresse sa joue du bout des doigts, et sors.


    ...


    Mes mains s'enfuient sur les touches du piano, dansantes et survoltées, laissant s'échapper des notes allègres et graves à la fois, qui s'en vont se répercuter contre chaque pan de mur alentours, avant de me revenir, sveltes et légères comme les pas d'une fée.

    La voix de Jeanne s'élève de nouveau à mes côtés, psalmodiant mes mots, tandis que j'amorce les arpèges illustrant l'entrée triomphale de "L'Homme-Paon".

    Il s'avance et se révèle aux yeux du public au rythme des cordes martelées par mes doigts enragés.

    Une porte grince au fond de la salle, au moment même où ma lectrice et moi offrant à mon idolâtre héros le silence dû à son arrivée...

    Mes yeux se perdent malgré moi en direction de cette porte, par laquelle entre enfin mon invité retardataire, mon invité tant espéré...

    Le public conquis, qui s'est lui aussi retourné dans un élan d'une étrange émulation, voit alors se matérialiser sous ses yeux un personnage devenu réalité.

    Le temps semble se figer, tandis qu'il avance, de sa démarche nonchalante, un sourire légèrement amusé aux lèvres.

    Durant quelques infimes secondes, la salle entière semble subjuguée par sa seule présence, suspendue à ses pas...

    Peu à peu, comme si de rien n'était, le concert reprend son cours. Les spectateurs attentifs s'accrochent de nouveau à mes notes qui s'élèvent, d'abord lentes et saccadées - mon regard perdu dans le sien - puis s'envolent -multitude de papillons miniatures aux membranes aériennes - pour ne plus retomber ; jamais.

    ...

    - Tonnerre d'applaudissements -

    ...

    L'Homme-Paon a fait de moi une reine, cette nuit.  




    Lili-A. ©




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  • Vous vous en douterez, je suis quelqu'un d'assez mystique. Je médite régulièrement, et parfois, il m'arrive de m'évader, mais jamais encore une telle chose ne m'était arrivée. Difficile de faire la différence entre le rêve et l'évasion, l'illusion ou le voyage. Toujours est-il que ce soir là, mon esprit s'en est allé bien loin, bien au-delà de toute réalité.



    Voyage Astral



    Etait-ce un rêve ... ?

    Nous marchions tous les deux, où, je n'en sais rien...

    C'était assez irréel...

    Un tapis de feuilles sous les pieds, les branches des arbres formant

    comme un dôme loin au-dessus de nos têtes, un dôme entrouvert

    sur une bande de ciel coloré et étoilé à la fois...

    Des nuages comme des flèches enflammées venaient zébrer la

    voûte céleste à la manière d'étoiles filantes, ça et là, on entendait

    les bruissements de la nature alentours.

    Etrangement, malgré ce paysage ensorcelant, ce n'était pas ce qui

    nous entourait qui était magnifique, magique, mais ce qui

    émanait de nous deux, les sentiments, les sensations comme

    flottant tout autour de nous, nous enserrant dans leur bulle, qui

    rendait tout si merveilleux...

    Nous ne parlions pas vraiment, et pourtant nous n'étions pas non

    plus silencieux. Nul besoin de mots, nos sensations passaient de

    l'un à l'autre, nos pensées...dans une forme de communication

    tellement plus riche...

    Je glissais ma main dans la tienne, et c'était aérien, presque

    éthéré... Une sensation de toucher sans limite, sans barrière de

    peau, d'os, ni de chair...


    Nous sommes toujours sur ce chemin. Est-ce un chemin? Alors

    qu’aucun semblant de tracé n'est présent...Nous avançons

    lentement, comme flottant au-dessus du sol. Sans réfléchir, sans

    même se perdre, nous sommes là comme si nous y avions toujours

    été, comme si ce lieu avait été crée par nous.

    Et puis, sans contretemps, sans mouvement entre nous pour

    passer d'un état à l'autre, tu es contre moi, mon dos appuyé

    contre le tronc d'un arbre.

    On s'embrasse et se caresse, il n'y a aucune gêne, aucune barrière.

    Tout est simple, calme et apaisant, et pourtant, à la fois fougueux

    et survoltant.

    Le temps semble avancer à reculons...

    Les choses qui nous entourent semblent en suspens, comme

    accrochées à notre volonté, au moindre de nos mouvements, en

    attente d'un signe de nous...

    Et, de même, sans contretemps, sans le moindre geste pour ôter

    nos vêtements, sans pause aucune, tu es en moi et nous faisons

    l'amour, isolés dans ce lieu qui n'existe que pour nous, si loin de

    cet univers, ce tronc d'arbre comme étai.

    Tout est absolument...naturel... Comme si nous avions abandonné

    derrière nous toute forme de "corruption".

    Tout autour de nous est amplifié, aussi...sans être oppressant. Les

    sons, les odeurs, les sensations, les gôuts...

    Nous sommes corps et âmes plongés dans ce lieu, comme l'un

    dans l'autre...


    Je me suis éveillée...

    Eveillée...?

    Je ne sais pas... Je n'ai pas le sentiment d'avoir rêvé...

    Il me semble que ceci, je l'ai vécu... Vécu dans une dimension

    lointaine, pas dans cet univers qui est le nôtre.

    Je suis sortie de ce corps, ce véhicule handicapant, mon moi

    éthéré et réel s'en est allé te rejoindre loin de cette réalité

    avilissante, là où nous allons quand nous savons nous détacher de

    ces concepts matériels...

    Involontairement, ou du moins, pas consciemment, tu as su m'y

    trouver...

    Nous y étions, tous les deux. Je sens encore ces sensations, plus

    présentes et plus réelles que celles de ce corps auquel je suis

    enchaînée.

    Point de doutes...

    Un jour peut-être, t'en souviendras-tu?





    Lili-A. ©





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  • Il était une fois l'être humain. Celui qui pensait avoir tous les droits, celui qui n'avait pas de cœur, celui qui osait l'impardonnable, qui blessait l'amour qu'on lui donne, quel qu'il soit, sans réfléchir aux conséquences.
    Oui, celui-là même. Si on pouvait nous le raconter, peut-être faudrait-il que ce soit ainsi, peut-être aurait-ce plus de poids, vu par un innocent au cœur pur, qui ne demandait qu'à aimer , et être aimé.


    La Promenade



    Il va revenir. Il me l'a dit.

    "Ne bouge pas. Attend moi là. Je reviens." ; texto.

    Assis sur le bord de la route, j'observe les voitures qui filent à une vitesse improbable les unes après les autres.

    Le soleil tape fort en cette chaude journée d'été et l'herbe de l'autre côté, sous l'ombre des arbres qui s'étend, semble délicieusement tendre.

    Je m'ennuie. Le temps me semble long, et il n'est toujours pas là. Mais il va revenir, je le sais, il me l'a dit.

    Je suis juste un peu trop impatient.

    Quand même... Avait-il besoin de déplacer la voiture?

    Non loin de moi, un papillon aux ailes nacrées volette...

    Il s'en vient se poser sur mon nez, et j'ai peine à retenir un éternuement, mais je ne veux pas le faire partir.

    J'essaie de fixer sur lui mon regard mais cela me fait mal aux yeux.

    Désolé petite bête ailée, mais il te faut trouver perchoir ailleurs. Je secoue énergiquement la tête, faisant fuir ce compagnon d'un instant.

    Celui-ci, sans doute vexé, s'éloigne.

    Il s'arrache à ma vue, continuant sa route par-delà les arbres, de l'autre côté.

    Un léger souffle du vent parcourt l'herbe si verte, semblant m'inviter à m'étendre un moment au frais.

    Quel délice cela serait d'aller me plonger au cœur de cette végétation! Me rouler follement dans les hautes herbes puis m'offrir enfin une petite sieste champêtre!

    Mais il va revenir, oui. Il ne devrait plus tarder à présent... Comme le temps me semble long!

    Soupirant, je m’étends plus confortablement sur mon coin de bitume.

    Les nuages jouent à cache-cache avec le soleil, et dessinent des formes imaginaires.

    Tiens, en voilà une qui ressemble à un os, et une autre là! On dirait Tom, le chat du voisin!

    Quel insupportable animal celui- là! On ne peut l'approcher sans risquer un coup de griffe... Pourtant je voudrais juste sympathiser...

    Peu à peu, je sens le sommeil me gagner.

    Ce serait plus confortable de l'autre côté, mais... Si je m'endors plus loin et qu'il ne me voit pas, il risque de s'inquiéter... Je n'ai pas envie de me faire réprimander!

    Après tout, je ne suis pas si mal ici. Il me réveillera à son retour, et ainsi, le temps passera plus vite.



    Sursaut...

    Un mauvais rêve m'a éveillé...

    J'étais seul, perdu dans l'obscurité insondable d'une interminable forêt.

    Doucement, j'ouvre les yeux. Je dois dormir encore... car il fait sombre.

    Pourtant, non. Je suis bien réveillé : le bitume, les voitures qui déambulent, les arbres en face... Tout est là.

    Seule la lune a remplacé le soleil, là haut dans les cieux...

    Où est-il? Il m'a dit qu'il revenait... Il revient toujours.

    J'ai faim maintenant. Soif aussi. Il ne va plus tarder.

    Il verra que je l'ai attendu, sagement, comme il me l'a demandé.

    D'habitude, c'est au parc qu'il m'emmène. Nous courrons ensemble, plongeons parfois dans le lac, faisant fuir les familles de canards qui paressent là, sur les eaux.

    Parfois, comme aujourd'hui, il part. Me demande de l'attendre, surtout de ne pas bouger.

    Quelquefois il met longtemps à revenir. A son retour, je vois qu'il a pleuré.

    Je me demande pourquoi... Mais très vite, j'oublie. Il me prend dans ses bras et me murmure à l'oreille : "Allez, on rentre à la maison." Et nous sommes bien.


    Il est tard... Les voitures ont allumé leurs phares.

    Personne ne semble prêter attention à moi.

    Le vent du soir souffle plus fort, et j'ai froid.

    Pourquoi n'arrive t'il pas?

    Je vais traverser. Aller m'allonger sous les arbres...

    Et j'attendrai, encore. Car il va revenir, il me l'a dit.

    Et il revient toujours ... mon maître.  



    Lili-A. ©



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