• Une séance photo amicale sur les bords de Seine, des images et des moments d'évasion dans la tête, des bribes de rêve brumeux qui s'évaporent tout en douceur. Cela donne ces quelques mots.



    Songe aux brumes d'un quai.



    Je la vois...

    Elle, là, seule sur le quai...

    On la dirait sortie d'un vieux conte de marin, à l'attendre

    lui, là, seule sur la grève...

    Mi-ridicule, mi beauté du songe qu'on ne pensait jamais

    saisir, pas même un instant... Comme pour illustrer mes rêves

    à moi, ceux sur lesquels je ne peux jamais mettre d'étiquette,

    inclassables, Has been?

    Je la regarde, là. Elle qui ne me voit pas, entière à ses

    songes, entière à cet être qu'elle semble attendre, sans même

    s'en douter elle même... Elle n'est plus même dans ses

    pensées...

    Mais où s'enfuit-elle ainsi? Vers où son regard s'en va t'il

    errer, sans rien saisir de ce qui passe, sans en perdre une

    miette non plus pourtant...

    Elle guette peut-être Dieu, et elle le voit sûrement...

    Et moi c'est elle...Elle que je guette sans gêne, sans une

    pudeur aucune, que pourtant je lui dois...ou que je lui devrais...

    Un instant enfin, quelque chose, le vent sur sa joue, sa

    cigarette consumée qui lui brûlera la main, la ramènera

    soudain dans le monde des vivants...

    Elle se questionnera sur cet instant d'absence, ce silence si

    profond qu'elle ne l'a pas senti, quand tout en elle s'est tu

    pour qu'enfin elle puisse être...

    Elle se retournera alors, et moi...Absorbé dans ma

    contemplation, dissimulé au creux de toutes mes perditions,

    comme elle, une seconde avant ça... ne verrais pas son

    regard...

    Ces yeux... gênés, d'abord.... Intrigués, ensuite...Rageurs enfin...

    L'inquisiteur cueillant la pureté lorsqu'elle s'abandonne... Le

    violeur pillant l'intimité... L'outrageant désormais outragé...

    Parce que...

    A mon tour, je m'éveillerai, stupéfait d'une rêverie

    impromptue, là...A seulement fixer le dos d'une inconnue....

    Ses cheveux battant au vent...

    Son regard me dévoilant, à moi, à elle, à l'éther incongru, à

    la volupté, nue, figée, envolée par un souffle en un instant...

    Un souffle, d'une telle légèreté, que, venu effleurer la surface

    de l'eau, elle aussi en aura tremblé...

    Pourtant... L'a t'elle senti seulement?  





    Lili-A. ©



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  • A mon Papa,
    Pour dire l'amour que je tais trop souvent, les distances que je ne sais franchir, la complicité que je sens enfouie sous une timidité pourtant infondée.
    A mon alter ego, qui m'a créée à son image et fait de moi la personne que je suis.
    Entre un père et sa fille, il y a cette étincelle à nulle autre pareil, combien j'aime quand je la sens s'illuminer!



    La pierre.



    Elle est encore venue aujourd’hui...

    J'avoue que je la guettais.

    J'observais les rares passants, par cet après-midi gris et

    pluvieux, à l'affut du moindre signe d'elle.

    Et puis je l'ai vue... Marchant d'un pas tranquille.

    Elle s'est agenouillée, paisiblement, s'installant sur le

    sol, et face à la pierre elle souriait. Le regard un peu

    vague.

    Longtemps elle est restée silencieuse, et j'ai pu l'observer

    tout à loisir.

    Aujourd’hui, elle portait un ample pull rayé de jaune et

    de noir, un pantalon beaucoup trop grand pour elle, et

    sa veste de laine légèrement déguenillée balayait les

    poussières.

    Elle avait piqué, au creux de ses courts cheveux noirs

    toujours en bataille, une fleur cueillie là sur le chemin,

    et la seule mèche longue qui subsistait dans sa coiffure

    "ailes de corbeau" venait couvrir son visage, poussée par

    le vent.

    D'un geste agacé mais pas vraiment, elle la repoussait

    sans cesse, tout en laissant errer ses yeux vers les secrets

    du monde.

    Et puis enfin, elle soupira.

    Fixant toujours la pierre, comme si je m'y trouvais, elle

    se mit à parler.

    "Bon. Papa. Ca y est. Je crois que je vais partir."

    Un long silence lourd de tristesse accueillit cette première

    phrase.

    J'attendais seulement qu'elle continue.

    "Je crois que je ne reviendrai plus.

    [...]

    Pfff... Tu sais, c'est dur. Je suis là, je te parle, et je suis

    tellement seule. Tu n'es pas là pour m'écouter. L'as-tu

    jamais été?"

    Elle détourne le regard, l'air terriblement adulte,

    terriblement puissante, terriblement abîmée, aussi.

    " A quoi bon continuer ainsi. Quoi que je fasse tu ne me

    diras jamais si c'est bien ou si c'est mal. Tu ne guideras

    pas mes pas... Je ne suis même pas sûre que tu m'écoutes,

    là.

    Alors je suis venue te dire au revoir, papa. Je t'ai toujours

    aimé. Mais j'ai décidé de tourner la page. J'ai décidé de

    vivre sans toi, comme tu l'as fait, déjà.

    Tu es parti toi... Tu ne m'as pas laissé le choix, pas

    demandé mon avis. Tu ne t'es jamais demandé si je n’étais

    pas une fille comme les autres, qui elle aussi avait

    besoin d'un père, d'un guide.

    T'es tu seulement demandé si je n'allais pas souffrir de

    ton absence?!"


    Je la vois qui lutte, qui bataille, contre le feu salé qui

    menace d'envahir ses yeux.

    J'aimerai tendre la main. Caresser sa joue. Lui dire que

    je suis là... C'est juste que...

    Aller vers elle. Mais non. C'est trop tard. A quoi bon?

    Ma main retombe, pantelante, au bout de ce bras qui

    voudrait l'enlacer, mais qui ne peut pas. Non.

    " Au revoir Papa. Quoi que tu penses, je ne t'en veux

    plus. J'ai appris à te pardonner.

    Et désormais je veux exister. Vraiment.

    [...]

    Je t'aime. Au revoir. Je penserai à toi, parfois."


    Et je l'ai vu se lever, difficilement, comme si ses jambes

    vacillaient, sous le poids d'une trop lourde charge qu'elle

    avait voulu venir déposer à mes pieds, mais qu'elle

    emportait encore, malgré elle.

    Elle s'est retournée, lentement, et est restée immobile, dos

    à moi, avant de finalement lancer ses pas droit devant,

    droit au loin, loin de moi.

    Longtemps, elle a lutté contre l'envie de se retourner pour

    jeter un dernier regard.

    Puis elle a disparu, là-bas, derrière le muret grisâtre du

    cimetière.



    Pendant de nombreuses années, je suis revenu tous les

    jours.

    J'espérais qu'elle reviendrait.

    Mais les saisons avaient beau se succéder, jamais elles ne

    m'ont apporté un souffle d'elle.

    Alors, moi aussi, je suis parti.

    J'ai découvert beaucoup de lieux, j'ai observé la foule

    dans mille rues, et j'ai soigné mon manque d'elle.

    J'ai flotté sur bien des océans, j'ai goûté la couleur du

    sang, trop de fois, trop longtemps. Mais souvent, j'ai

    entendu les musiques, qui dans chaque parcelle du

    monde disent ça : Il y a bien quelque-chose ; là-bas,

    au-delà.

    Et j'ai hanté des places, des esprits et des cœurs, alors que

    du sien je n'étais plus qu'absent.



    C'est seulement des années plus tard que je suis revenu.

    Je n'étais toujours pas libre, je ne pouvais pas m'en aller,

    vraiment.

    Pas sans essayer, une dernière fois, d'apercevoir ses

    grands yeux noirs.

    Je me suis assis face à la pierre.

    J'ai observé les passants, rares, en ce jour gris et pluvieux.

    Et j'ai guetté, le moindre signe d'elle.

    C'est seulement au bout de quelques minutes, que j'ai

    remarqué, sur la pierre, une unique fleur, posée là.

    Elle devait avoir subi bien des caprices du temps, mais

    malgré tout, elle subsistait.

    C'était un beau lys blanc. Sa préférée...

    J'ai senti mes paupières se gonfler, le naufrage grondait

    sous la voilure de mes cils.

    Flou, mon regard s'est posé sur le petit muret aux pierres

    fissurées par les intempéries, ou par l'usure du temps.

    Sous les vagues est apparu un enfant, pas plus haut que

    ça, qui portait dans ses bras un grand bouquet de lys

    blancs.

    Dans sa main, une autre main. C'était ma douce fille qui

    s'en venait m'embrasser... Enfin!

    Elle s'est agenouillée, comme avant, tranquille, face à la

    pierre.

    Elle a assis l'enfant sur ses genoux, et tendrement,

    soufflant à son oreille :

    "Tristan, ici repose ton Grand-père. C'est son nom que tu

    portes.

    C'était un très bel homme, très tendre. Mais il ne parlait

    pas assez.

    On n'a jamais su qu'il partirait ainsi..."

    Elle essuya une larme, qui perlait au coin de ses yeux.

    "Il t'aurait adoré, j'en suis sûre. Et moi... Je l'aimais."



    J'ai senti la pierre, celle qui obstruait mon cœur depuis

    tant d'années, se fissurer soudain, et éclater enfin.

    J'ai tendu la main vers sa joue, que tendrement, j'ai

    effleurée.

    Elle frissonna alors, et comme si elle avait pu me voir,

    ses grands yeux noirs s'écarquillèrent, pleins d'une

    émotion que j'y avais rarement lu.

    Ou que j'avais refusé de lire... peut - être.

    J'ai vu ses lèvres trembler, et former un unique mot, le

    souffle, le "sésame" de ma libération... "Papa...». 








    Lili-A. ©


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  • J'avais une idée précise en commençant à écrire ce texte, il y a quelques années, mais au fil des mots, l'idée elle-même s'est perdue, et je n'ai encore jamais réussi à en faire quelque chose.
    J'y pense souvent, peut-être un jour l'étincelle reviendra - t'elle pour qu'ensemble nous en fassions une histoire!


    Loreleï


     

    Des images me reviennent de nulle part, d'un passé qui n'est plus qu'un ailleurs effacé de l'univers...

    Une terre ensevelie au plus profond de ma mémoire, qui n'existe sans doute plus que pour moi, depuis bien des années...

    Les ronces auront tenté, tant bien que mal, la recouvrir, la dévorer pour ne plus rien en laisser, mais la voilà encore, subsistante, plus forte que toutes les réalités...

    Par le rêve, elle se fraie un chemin pour exister de nouveau... mais le rêve est lui-même une terre ensevelie, une terre qui ne peut déborder jusqu'au réel...





    Un soir d'été... Au cœur du songe.

    La nuit n'est pas encore tombée, mais le clair de lune transperce déjà les cieux comme voulant éclipser plus vite le soleil couchant, comme à dire "Il est l'heure, c'est mon temps!"...

    Là haut, les nuances se succèdent, de bleu vers gris, de gris vers roux, de roux vers rose, de rose...Ombres irisées aux teintes indescriptibles...

    L'air du soir est parfumé de senteurs florales, de l'odeur de terre, humide de la chaleur du jour passé. Les sens en éveil, Loreleï flâne au gré des pensées...

    Elle n'est pas triste Loreleï...Elle n'est pas seule, sur le chemin... Son Ombre se profile à ses côtés, ou devant elle, ou encore, en retrait, éthérée compagne qui jamais ne l'abandonne.

    Et parfois, quelque chose passe entre elles, un accord, une harmonie. "Allons par là, Amie..."...

    Et sans prononcer un mot, leurs pas se suivent encore.


    Loreleï avance, à pas de velours, à pas invisibles, à pas silencieux...Ses petits pieds semblent à peine effleurer le sol, elle est la légèreté, elle est l'envol, elle est la grâce insaisissable.

    Elle tourne là, à la clairière, frôle les troncs, et les branches se tendent comme pour la caresser, osant à peine l'effleurer, mille mains ouvertes pour se saisir de la beauté...

    Et l'Ombre est là...cajolante compagne qui s'enfuit à sa suite.


    Sélène grandit, sa victoire est totale, elle a ravit les cieux à l'arrogant soleil.

    Pleine, rousse, douce et ronde, elle baigne ses courbes à l'eau du ruisseau, où l'admirent en secret les deux sœurs Légèreté.

    Loreleï, aérienne, telle un souffle, pénètre au cœur de l'eau, et l'onde s'agite à peine. Nature indomptée, Nature apaisée.

    L'Ombre, indépendante comme elle le décide parfois, n'a pas envie d'un bain, et s'étire alors, s'étiole, jusqu'au tronc le plus proche.

    Plus qu'une mince arabesque la relie à sa sœur. Elle se laisse aller à l'arbre, et se mêle à l'écorce, se nourrissant ainsi d'un peu de son essence.

    A l'Eau, s'endort Loreleï...Au Saule, Ombre se fond.





    Le matin vient me tirer du pays d'Onirie.

    De la main, j'effleure mes yeux, pas même étonnée d'y sentir quelques larmes.

    Le cœur pourtant léger, je me lève. Peut-être le fluide lacrymal refleurira-t'il la terre endormie?

    Le soleil hivernal darde ses rayons glacés sur la fenêtre, contraste frappant d'avec la chaleur de mes songes.

    La journée s'annonce calme, propice à s'y replonger.

    Chaudement vêtue, je me décide à sortir, prise de l'envie de déambuler par les rues.

    La ville est encore endormie, seuls quelques solitaires croisent mon chemin, les uns les autres entiers à nos pensées.

    Le sol pavé est parsemé de flaques ; il aura plu cette nuit...

    Dans l'une d'elle, j'aperçois le reflet d'un arc-en-ciel qui déjà, s'évapore.

    Voilà que de nouveau, je me sens transportée...





    A l'Aube... Sur l'Arc-en-ciel.

    Là, en haut du spectre aux sept couleurs, Ange s'assoit.

    Sourire aux lèvres, les jambes pendantes, il prépare son filet pour la pêche matinale.

    De quoi sera son déjeuner aujourd'hui?

    D'un papillon aux ailes laiteuses? D'un poisson argenté à la fraîcheur exquise? D'une brise d'été au doux parfum fleuri?

    Peu importe, après tout...Ce qu'offre Onirie toujours aura le goût le plus exquis...

    Ange lance son filet au loin, et Ange rit.

    Sa voix s'envole parmi les nuages, belle et grave, douce et fluide, portée vers d'autres cieux par le souffle du vent.

    Rêveur, sur l'Arc-en-ciel, il attend.

    Rien n'est jamais pressé pour qui a le temps comme allié...

    Attachant l'anse du filet à sa cheville, Ange s'allonge sur le lit azuré.

    Entre ses mains, il tient une lyre et joue. Ses longs doigts effilés caressent les cordes fines.


    Le temps file et le filet semble toujours aussi léger...

    Ange laisse aller sa voix, accrochée aux nuages, la mélopée s'enfuit.

    En bas, dans l'herbe, des pensées naissent...

    Il est le sage, il est le temps. Il est la joie, son messager.

    Du doigt, il esquisse des traits, ceux d'un visage, ceux d'une amie.

    Admiratif, il perd son regard parmi les doux sillons qu'il a tracé, les voyant peu à peu se détacher, s'effacer au gré du vent.

    Les notes chantées s'attardent encore autour de lui, ode à la félicité, à la sérénité.


    Ange, messager du rêve. Il imagine et crée.

    Tous les jours, comme d'une boule d'argile, il façonne la réalité.

    Tous les jours, il donne vie à nos songes, nos pensées, nos espoirs...

    Pourtant, Ange, lui aussi, a un rêve.

    Des images viennent enivrer son esprit, aériennes, éthérées, insaisissables...

    Toujours, elles lui échappent, et Ange désespère à la pensée que jamais elles ne prennent forme.

    Alors, au désespoir, Ange se transforme.

    Son visage, de douceur incarnée devient terreur informe.

    L'Arc-en-ciel se fond en mont Douleur, et la lumière s'enfuit...

    Sa voix, de langueur passionnée éclate en hurlement déchiré, dévasté, difforme... Elle croît, et croît encore.

    Mille cris viennent percer l'univers, les songes se désagrègent, les cauchemars font siège au fond de tout esprit.

    En bas, dans l'herbe, les pensées meurent...

    Au désespoir, il est la peur... Au désespoir, Ange se perd. 




    Lili-A. ©



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  • L'administrateur a été d'une efficacité à toute épreuve et le petit souci est donc dores et déjà réparé.

    Une bonne chose de faite!

    Vous pouvez donc, dès à présent, laisser commentaires et critiques, à votre guise, ce qui sera, sachez-le, toujours apprécié!

    Bonne nuit!



    Lili-A.


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  • Bonsoir la planète!
    Juste un petit mot pour vous dire qu'un ami m'a signalé qu'on ne pouvait poster de commentaires sur le blog, j'ai donc envoyé un mail à l'administrateur du site afin de régler ça au plus vite.
    Je vous tiens au courant dès que le problème est réglé!
    D'ici là, Enjoy ;)
    Bonne soirée.



    Lili-A.


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