• La Promenade.

    Il était une fois l'être humain. Celui qui pensait avoir tous les droits, celui qui n'avait pas de cœur, celui qui osait l'impardonnable, qui blessait l'amour qu'on lui donne, quel qu'il soit, sans réfléchir aux conséquences.
    Oui, celui-là même. Si on pouvait nous le raconter, peut-être faudrait-il que ce soit ainsi, peut-être aurait-ce plus de poids, vu par un innocent au cœur pur, qui ne demandait qu'à aimer , et être aimé.


    La Promenade



    Il va revenir. Il me l'a dit.

    "Ne bouge pas. Attend moi là. Je reviens." ; texto.

    Assis sur le bord de la route, j'observe les voitures qui filent à une vitesse improbable les unes après les autres.

    Le soleil tape fort en cette chaude journée d'été et l'herbe de l'autre côté, sous l'ombre des arbres qui s'étend, semble délicieusement tendre.

    Je m'ennuie. Le temps me semble long, et il n'est toujours pas là. Mais il va revenir, je le sais, il me l'a dit.

    Je suis juste un peu trop impatient.

    Quand même... Avait-il besoin de déplacer la voiture?

    Non loin de moi, un papillon aux ailes nacrées volette...

    Il s'en vient se poser sur mon nez, et j'ai peine à retenir un éternuement, mais je ne veux pas le faire partir.

    J'essaie de fixer sur lui mon regard mais cela me fait mal aux yeux.

    Désolé petite bête ailée, mais il te faut trouver perchoir ailleurs. Je secoue énergiquement la tête, faisant fuir ce compagnon d'un instant.

    Celui-ci, sans doute vexé, s'éloigne.

    Il s'arrache à ma vue, continuant sa route par-delà les arbres, de l'autre côté.

    Un léger souffle du vent parcourt l'herbe si verte, semblant m'inviter à m'étendre un moment au frais.

    Quel délice cela serait d'aller me plonger au cœur de cette végétation! Me rouler follement dans les hautes herbes puis m'offrir enfin une petite sieste champêtre!

    Mais il va revenir, oui. Il ne devrait plus tarder à présent... Comme le temps me semble long!

    Soupirant, je m’étends plus confortablement sur mon coin de bitume.

    Les nuages jouent à cache-cache avec le soleil, et dessinent des formes imaginaires.

    Tiens, en voilà une qui ressemble à un os, et une autre là! On dirait Tom, le chat du voisin!

    Quel insupportable animal celui- là! On ne peut l'approcher sans risquer un coup de griffe... Pourtant je voudrais juste sympathiser...

    Peu à peu, je sens le sommeil me gagner.

    Ce serait plus confortable de l'autre côté, mais... Si je m'endors plus loin et qu'il ne me voit pas, il risque de s'inquiéter... Je n'ai pas envie de me faire réprimander!

    Après tout, je ne suis pas si mal ici. Il me réveillera à son retour, et ainsi, le temps passera plus vite.



    Sursaut...

    Un mauvais rêve m'a éveillé...

    J'étais seul, perdu dans l'obscurité insondable d'une interminable forêt.

    Doucement, j'ouvre les yeux. Je dois dormir encore... car il fait sombre.

    Pourtant, non. Je suis bien réveillé : le bitume, les voitures qui déambulent, les arbres en face... Tout est là.

    Seule la lune a remplacé le soleil, là haut dans les cieux...

    Où est-il? Il m'a dit qu'il revenait... Il revient toujours.

    J'ai faim maintenant. Soif aussi. Il ne va plus tarder.

    Il verra que je l'ai attendu, sagement, comme il me l'a demandé.

    D'habitude, c'est au parc qu'il m'emmène. Nous courrons ensemble, plongeons parfois dans le lac, faisant fuir les familles de canards qui paressent là, sur les eaux.

    Parfois, comme aujourd'hui, il part. Me demande de l'attendre, surtout de ne pas bouger.

    Quelquefois il met longtemps à revenir. A son retour, je vois qu'il a pleuré.

    Je me demande pourquoi... Mais très vite, j'oublie. Il me prend dans ses bras et me murmure à l'oreille : "Allez, on rentre à la maison." Et nous sommes bien.


    Il est tard... Les voitures ont allumé leurs phares.

    Personne ne semble prêter attention à moi.

    Le vent du soir souffle plus fort, et j'ai froid.

    Pourquoi n'arrive t'il pas?

    Je vais traverser. Aller m'allonger sous les arbres...

    Et j'attendrai, encore. Car il va revenir, il me l'a dit.

    Et il revient toujours ... mon maître.  



    Lili-A. ©



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