-
Par Lili-A le 30 Septembre 2008 à 22:36Une nouvelle improvisation par écran interposé. (Nouvelle est un bien grand mot, car cela date d'il y a quelques années, m'enfin!).
Un échange de plus, des mots tels qu'ils viennent, lorsqu'on les laisse aller à leur guise.Improvisation.
Lili-A. / Julien.
C'était un après-midi d'automne comme les autres... Les
passants avaient l'air de flâner sur la place du canal, l'eau
ondoyait calmement au gré du vent. Moi je marchais
tranquille, vers l'autre bout de la ville, où j'avais rendez-vous.
Un rendez-vous pour lequel je balisais déjà...En effet, j'avais
absolument besoin de trouver un travail, mes affaires étant
au plus mal...mais ce travail était pour moi la représentation
de l'échec, la représentation de la bassesse...Je savais que
MOI, je valais mieux que ça...Alors, j'y allais, le pas traînant,
l'angoisse mordant mes tripes...priant déjà pour rater mon
entretien...
Car j'avais besoin de me sentir libre pour une fois. Ne pas
m'enchainer a nouveau a des impératifs que je ne maitrise pas et
que, de toute façon, je ne souhaite pas maitriser. N’avoir besoin de
rien d'autre que l'air que je respire pour vivre, et la terre que je foule
pour partir. Je m'arrête. Je ne suis pas tenue d'y aller. Je me retourne.
Partant dans la direction opposée avec un pas plus léger. Je suis libre
et le néant qui a ce moment précis de ma vie me tendait les bras me
rendait presque heureuse. L'aventure, voila ce qu'il me manquait
pour me sentir vivre. Un bus passe. Il s'arrête un peu plus loin. Je
cours, laissant tomber mon sac. Je monte et demande au chauffeur
où il va.
N'écoutant même pas sa réponse, je fouille mon portefeuille,
attrape mon dernier billet et le lui tend..."Un ticket s'il vous
plait".
Je me faufile jusqu'au fond du car...C'est un de ces cars de
voyages mal entretenus, de ces vieux engins baroudeurs qui
ont servis à aller visiter probablement les pires trous du
monde où presque personne ne va...Personne, ou des gens
comme moi, sans histoire, sans attaches...Je me sens bien...Je
sens ma respiration s'apaiser. Je glisse ma main gauche au
fond de la poche de mon blouson, farfouille pour atteindre le
fond de ma poche trouée jusqu'au bas de la doublure, et en
extirpe difficilement mon walkman tout déglingué...
La pluie commence à tomber sur la vitre...j'y colle ma joue et
laisse défiler un paysage morne mais beau à travers ces
larmes qui ne sont pas les miennes...Où vais-je? Où le vent
portera mes pas...
J'ai envie d'aventure...de ne pas me poser de questions...de
rencontrer des gens improbables, dans des lieux tout autant
improbables...C'est beau l'imprévu!
Non, je me trompe. Ce n'est pas le mot qu'il convient. Je ne cherche
pas l'aventure. Non. Ce que je désiré le plus au monde c'est....du
nouveau. Oui, de quoi casser ce rythme abrutissant qui avilie nos
consciences. Chercher le bout des choses, du monde et des gens pour
enfin trouver l'inattendu, le spontané. Le monde se meurt d'avoir cru
aux beautés préfabriquées.
Nous avons perdu le vrai sens des choses et avons oublié qu'elles
pouvaient être belles sans être dénaturées. Voila ce que je vais faire
!! Voila de quoi, d'un coup, mon néant se remplit !!! Je trouverais
cette beauté élégiaque, où qu'elle soit. Quoi qu'elle soit !! Et quand je
l'aurais, je montrerai au monde toute sa grandeur : quand je dis
grandeur, il faut bien sur comprendre vanité.
Au rythme de mes pérégrinations intérieures, je ne me
rendais pas compte que déjà j'étais loin de chez moi, loin de
ce que je connaissais, loin de moi-même déjà, en direction de
l'inconnu...Je savais seulement que je venais de me découvrir
un but, une quête...Quête irréalisable? Peut-être...mais c'était
MA quête!! Et seul cela comptait...Isolée dans mes rêveries,
j'imaginais déjà des temples perdus au fond de jungles
hostiles, qui ouvriraient leurs portes pour moi seule, me
laissant le don et privilège de marquer en moi, comme un
tatouage au fer blanc, cette beauté perdue et inviolée...
J'imaginais des peuples inconnus du plus grand des
anthropologues, que je découvrirais au hasard des chemins,
et qui s'offriraient à la vie comme personne n'aurait même
osé le rêver, sans pudeur aucune, détenteurs de vérité et
sachant décupler leurs sens et leur nature...Je me voyais déjà,
initiée par eux aux délices de la chair, aux délices de l'orgie,
aux délices de la non-retenue...
Mais une voix me rappela soudain à la réalité : "Hey ma
P’tite dame, c'est l'terminus!"
La première envie que j'eus fut de sauter a la gorge de cet homme,
non pas pour exercer une violence inutile mais parce que je n'étais
pas encore dans mon état normal, toute bouleversée par ce que
j'avais vu....non, rêvé........ Lapsus révélateur. En me levant le plus
dignement possible pour ne pas laisser transparaitre mon état d'être,
je partis vers l'avant du bus
en tentant de reprendre mes esprits. J’étais profondément troublé
par ce rêve, cette vision.
Je n'avais pas pu imaginer tout ça....
En même temps je ne pouvais me convaincre que j'avais réellement
vu et fais tout ça. Ma formation de comptable rationaliste et
rationalisante me l'interdisait. Et pourtant je voulais y croire...
Lili-A. ©
votre commentaire -
Par Lili-A le 30 Septembre 2008 à 22:30Un autre exercice du genre avec un autre compagnon d'écriture.
Une atmosphère, quelques mots, un instant.Cadavre exquis.
Lili-A. / Julien.
L'eau a coulé sous les ponts. Il était temps. Cela faisait quoi? Trois ans? Cinq? Dix? Que l'on ne s'était parlé? C'était idiot... Deux meilleurs amis, fâchés pour une broutille? Une connerie de morceau composé à deux... J'ai mûri, lui aussi. C'est dingue le hasard. On se voit, on s'aperçoit, au croisement de deux rues, que pourtant l'on foule tous les jours, on se parle, et l'on se retrouve, deux frères,
comme hier...
Les jours passent mais la douleur reste. Rien ne s'efface. L'eau de naguère a toujours et encore cette odeur nauséeuse. Les gens passent et laissent un peu d'eux en moi comme pour marquer leur absence. Echo de naguère qui jamais ne se lasse...
Un jour peut-être...
Peut-être? Oui, en effet...Seulement...ma vie est faite de peut-être, je suis cerné... Avec des si, on mettrait Paris en bouteille, dit-on? Avec des peut-être, on me met moi, au monde.
Il est temps, à présent, de sortir de moi-même. Au diable les points d'interrogation, les points de suspension, et même toute la ponctuation!
Aujourd’hui, je deviens moi.
Je fonce.
Comme si je voulais me perdre. Comme si moi aussi j'avais le droit d'avancer. Laisser boulets et fardeaux sur le bord du chemin. Foncer, courir à en perdre haleine pour se sentir exister. Sentir le vent du destin claquer contre ma joue et rire. Rire à ne plus pouvoir s'arrêter.
Avancer, rire et... S'en aller? Aller flirter un peu avec le vent d'hiver, sous un ciel couvert. Je prédis néanmoins qu'une étoile saura guider mes pas loin des gouffres enfouis sous l'obscurité. J'irai baigner mes mains dans l'eau gelée d'un lac, et j'apprécierai le réveil fougueux que m'offrira cette
nature indomptable.
Destin indomptable. Tout est a portée de main et rien ne peut être touché... encore moins saisi. Tout passe. Nature chaotique. Destin effarant. J'existe. Je passe.
Lili-A. ©
votre commentaire -
Par Lili-A le 24 Septembre 2008 à 12:05Une improvisation romanesque, un soir d'été, deux personnes, homme et femme, deux rôles derrière l'écran.
Dialogue d'un soir d' Été.
L'homme / Lili-A
Comme tu veux, tout ce que tu veux en fait.
Tant pis... Je reste transit en voyant ton silence qui alimente ma
dépendance...
« Tout ce que tu veux » fais-en Porte étendard, brandis le
haut et loin pour clamer ton vouloir.
Je n'ai comme force intérieure que l'espoir de te revoir, d'être caressé
par ton regard...
Regarde plus loin , bien au-delà se trouve l'horizon où s'en
viennent se cacher les émois, ceux qui se taisent, ceux qui
se terrent... J'espère.
Dois-je interpréter tes silences qui ne sont contredits que par tes
regards, que je perçois comme l'offre d'une lueur d'espoir? Ce jour
pourtant, tu avais parfois ce regard qui ne disait pas non. Il n'est en
mon âme qu'un désir de donner.
Douce amie, ne me haïssez pas, j'ai tant à donner si vous m'y autorisez.
Prenez de moi, vous me comblerez.
J'irai peut-être alors combler les failles qui écartèlent
votre âme... Peut -être, enfin, si vous êtes sage.
Douce et tendre amie, je me réjouis de vous lire ainsi. Sachez
cependant ceci, j'ai à vous donner, la tendresse que vous méritez.
Le mérite, vous dites? Mais qui du monde sait que vaut
quoi, alors que nous ne sommes tous qu'humains, ici bas ?
Vous êtes ici bas, non-loin de moi. Et de vous à moi, je pense que vous
méritez un torrent de sentiments
Toréro vous semblez ; vouloir jouer à m'attraper, mais les
lueurs trop vives attisent ma peur et je danse l'esquive
pour éviter les heurts... Prenez garde à la charge!
Apeuré?
Prenez en considération, je vous prie toute ma modestie. Dans un élan
de sentiments j'ai cru vous avoir apprivoisée, vous avoir montré que je
n'étais point venu vous chasser, je vous prie de bien vouloir me
pardonner.
La chasse on ne donne à une chasseresse, qui de ses traits
poursuit la quête ultime, harponner en plein cœur pour ne
plus lâcher prise, et recueillir enfin , juste au creux de ses
mains, le palpitant trésor, pour toujours le chérir...
Je ne vous chasse pas ma belle, je suis juste inspiré quand vous êtes à
proximité. J'ai beaucoup à donner le temps d'un instant, furtif.
Je vais aller me coucher, terminant ainsi pour cette nuit cette
débauche de propos insoumis. Leurs sens étant vain et sans
conviction, je pense judicieux de devenir silencieux.
C'est en tous cas un joli prélude au silence que voilà.
J'espère que nos échanges courtois auront laissé sur vos
lèvres un léger sourire, qui pourra perdurer jusqu'à vous
endormir. Que la nuit vous soit douce, Ami.
Lili-A. ©
votre commentaire -
Par Lili-A le 26 Août 2008 à 22:16Suite à la lecture du Chant I de Sillah et l'Aimé, un ami proche m'envoya quelques mots de sa composition qui furent le prélude au Chant II que nous travaillâmes alors ensemble, et que je vous offre ici.
Je le remercie, une fois de plus, pour son inspiration et son soutien inestimable qui aidèrent à nourrir la mienne et permirent d'amener une touche finale à l'histoire première de ces deux personnages.
Bisous à mon Losty, qui ne perdra jamais le chemin vers mon cœur.
Sillah et l'Aimé - Chant II
(Co–écrit par Mehdi Mhalla)
De Sillah il n’est plus rien,
Et l’Aimé est resté là.
Ceux qui Charybde ont passé
Ont fini par succomber
S’il est des blessures qui se referment
Il en est d’autres qui restent là
A cœur ouvert il erre encore
A corps sanglant dans la douleur
Il n’espère plus aucune lueur,[...]
- Elle est plus là…
[...]
- Elle est partie…
[...]
- Je suis seul...
[...]-Seul...
[...]
- Tout est fini....
[...]
Silence encore, enfin dehors, tout en lui hurle à l’agonie
Peine, douleur, remords aussi, se jouent gaiement de son esprit
Pauvre brindille ballotée, qui crisse qui hurle et qui gémit
Il est à genoux, il n’en peut plus, il implore grâce,
Des rires au loin...
Satanée brume partout autour.
Dans le délire de ses pensées, il le voit, cet aigle affamé
venir encore, venir toujours, lui parler de son bel amour
Il ne sent plus que la douleur ; dévorer même, il ne sait plus
et quand au bout de tant de peine, son corps enfin, las, dépérit
une pensée nette enfin se forme entre les miettes de son esprit :
- Enfin …Lili-A. ©
2 commentaires -
Par Lili-A le 25 Août 2008 à 05:00J'adore le principe du cadavre exquis, plus généralement connu en dessin, mais depuis des années, j'aime à l'employer dans l'écriture, et sautiller d'impatience avant la découverte du résultat final.
Plus le nombre de mains et donc, de têtes pensantes, est élevé, plus généralement cela risque de donner un texte sans queue ni tête, mais réellement drôle parfois.
Au contraire, à deux seulement, et d'autant plus si ces personnes sont proches et se ressemblent, on a parfois alors de belles surprises, et c'est ce que j'adore, un superbe résultat obtenu par partage. :)
Voilà ce que j'expose ici aujourd'hui, un échange d'idées sans concertation aucune avec cet ami, le co-auteur d'Improvisation Lyrique, que j'embrasse fort, au passage!
(Chaque changement de main est marqué en allant à la ligne, ce sont les quelques mots que l'un laissait à l'autre chaque fois).
Cadavre exquis
L'Ami / Lili-A
Dans le sombre matin d'automne,
Le pigeon à l'ombre mignonne picorait tranquillement les miettes abandonnées deci-delà. Sa robe grise
chatoyait au soleil comme le ciel dans le lointain,
vibrait de fraîcheur , de celle qu'offrait l'eau du ruisseau aux racines des saules. Le vent, leur complice, agitait leurs branches, faisant se répandre mille gouttelettes, comme
les chiens qui s'ébrouent,
Et au loin jettent la boue,
Chinant gaiement.
Que de joie en effet, que de trésors à dénicher parmi les vieilleries entassées! Un vrai bonheur pour qui se veut explorateur,
même d'un jour.
Dans la nuit, au loin,
hurlent les loups.
Au sein de la forêt, leur meute cavale, à la recherche d'un lieu où s'établir. La lune est pleine, et un observateur aurait l'impression de se trouver en plein rêve, à les voir jouer
comme des enfants fiévreux.
Les mères s'inquiètent,
elles pleurent , et leurs larmes révèlent la pureté de leur âme, enfouie pourtant si loin en elles auparavant. Comme il est beau de se révéler, de mettre à bas les masques.
Se mentir à soi-même ,Quel dommage... Alors qu'être honnête
apporte tellement de joie que le coeur semble prêt à déborder, à exploser! Oh comme l'étreinte d'un bonheur peut-être parfois aussi douloureuse
que la peine elle -même.
Dans le lointain, ça y est,
le jour se lève, apportant l'espoir d'une nouvelle ère, d'un nouveau temps, où peut-être enfin les choses changeraient... Il est si doux de rêver...
Je m'endors.
Lili-A. ©
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique