• Comme des millions de personnes parmi le monde, je suis moi-même joueuse dans l'univers de World of Warcraft, où mon personnage principal, Luan, est une femme assassin.
    Ayant toujours aimé le jeu de rôle, je campe donc mon personnage tel que je l'ai crée, avec sa vie et sa personnalité propre, et celle-ci, quand elle a le temps, tient son journal de bord.
    En voici un extrait.



    Journal de Luan.

    12 Décembre 2007 – Au coeur de l'obscurité -



    Nous l'avons tombé. Nous l'avons abattu. Enfin.

    Est-ce possible? Mon esprit se joue t-il de moi ?

    J'ai peine encore à croire qu'après tout, nous sommes encore en vie. Brisés, mais en vie.



    Durant des heures, nous avons affronté des hordes de démons, d'orcs sanguinaires, d'aberrations toutes plus monstrueuses les unes que les autres.

    Plongés au cœur des ténèbres, nous frayant un chemin tant bien que mal à travers les entrailles souillées de ce donjon poussiéreux.

    Maintes fois j'ai cru que c'était la fin. Notre fin. La mienne... mais toujours nous avancions, plus épuisés à chaque pas, plus meurtris à chaque coup assené, poussés par une force qui n'a pas de nom.

    Des heures encore, à enjamber les corps déchiquetés des esclaves, baignant dans leur propre sang, bercés seulement par les hurlements désespérés des quelques pauvres erres encore vivotant, torturés, qui semblaient émaner des murs mêmes, du sol, de chaque pierre...

    Chaque enjambée nous rapprochait un peu plus du maître de ces lieux.

    Nous ne nous offrions que de courtes pauses, afin d'alimenter nos corps affaiblis d'un peu d'eau et de pain. Nous parlions peu.

    Enfin alors, les étroits passages se resserrèrent de plus en plus tandis qu'une chaleur digne des Enfers s'élevait, nous accablant plus encore. Un rire infernal se répercuta sur les parois qui nous entouraient, nous glaçant d'effroi.

    Et je le vis! Immense, colossal, il devait mesurer plus de dix pieds de haut, des mains larges au bout desquelles des griffes pareilles à des lames promettaient souffrances et tourments...

    Son haleine, fétide, telle un ouragan de putréfaction se faisait sentir jusqu'à nous, brûlant la peau telle une peste. Dans son dos, des ailes noires et chitineuses auxquelles pendaient des membranes probablement arrachées lors de précédents combats, battaient l'air au rythme lancinant de son cœur.

    Et ses yeux... Oh! Ses yeux... tels des flammes aux lueurs vertes, au regard démentiel...

    Regard qui me hantera toujours, au plus profond des rêves.



    D'un seul élan, nous nous sommes jetés au cœur du combat, courant à notre perte... ou à la sienne peut-être, le feu du désespoir aux tréfonds de l'âme.

    Klaani hurlait sa rage, frappant encore et encore sous les coups puissants de l'adversaire, couvert de sang et de sueur, mais debout encore!

    Nam psalmodiait des sons étranges et ancestraux à une vitesse déconcertante et sa litanie frappait l'ennemi de toute la puissance des mondes, alors qu'au même instant brûlait le feu tellurique au creux des mains de Sway, prêt à déchaîner sur lui tout son art magique.

    Éjectée par la force dantesque de la créature, je me relevai avec peine et vit ma sœur, Briéless, qui puisait en elle toute l'énergie chaotique de l'univers, drainant de toutes ses forces la vie de celui qui prendrait les nôtres si nous échouions. Autour d'elle se canalisait le pouvoir éthéré des profondeurs, dégageant une telle puissance que le sol semblait en trembler.

    Dans un effort désespéré, je glissais au gré des ombres jusque derrière l'ennemi, faisant pleuvoir mes lames contre sa chair dans une danse furtive, découpant encore et encore, guidée par ces mots qui seuls encore me donnaient le courage et martelaient mes pensées : *«  Je ne connaîtrai pas la peur car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur, je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi, et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il ne restera plus rien. Rien que moi. »*. Son sang poisseux, fielleux, me recouvrait, rendant mes mouvements difficiles, mais je frappais toujours.

    Et soudain, sans que je ne m'en rende compte, c'était terminé. Tout était calme.

    Le titan gisait à nos pieds dans une mare d'hémoglobine.

    Comment nous avons pu nous en sortir, je l'ignore, si ce n'est que jamais la foi de Sire Ataldir n'a failli, priant la lumière ou je ne sais quels dieux en lesquels je n'ai jamais cru, mais épuisant toutes ses ressources afin de nous garder en vie. Sans jamais le voir, je sentais pourtant sur moi la chaleur de ses bienfaits, telle une pluie de lumière, d'énergie et d'espoir venant s'abattre sur nous pour nous réconforter.



    Enfin.

    Est-ce possible? Mon esprit se joue t-il de moi ?

    J'ai peine à croire qu'après tout, nous sommes encore en vie. Épuisés, nos corps brisés et fourbus, nos âmes meurtries par tant d'horreurs, las, mais en vie. Liés plus encore qu'avant les uns aux autres.

    Car nous avons survécu, oui.

    Nous l'avons tombé. Nous l'avons abattu.





    Luan.





    Nota Bene :

    * ( Le passage entre étoiles et guillemets est une citation de la Litanie de la Peur, de Dune, oeuvre de Franck Herbert.).





    Lili-A. ©



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  • Lorsque la distance physique en instaure une, plus profonde, et qu'une discussion se transforme en désaccord glacé , glacial, sans même un au-revoir, c'est comme un poignard venant vous frapper au coeur.
    Une gifle sur l'âme, un froid intense qui nous envahit en un instant.
    La peur de voir brisée à jamais une merveilleuse complicité.
    S'ensuivent le dépit, la déception et la tristesse, et la colère enfin, venant s'insurger contre la rupture si soudaine d'une si belle amitié.
    Mais en laissant parler les émotions, on arrive alors, parfois, à redécouvrir, enfouie tout au fond de soi, la raison primaire, le sentiment profond, qui provoquèrent toutes les autres...
    A mon ami, mon coéquipier du rêve et de la création, mon bel ange lointain.



    Ode à un ami.

    (A Anaël)




    J'ai envie d'te dire je t'aime, j’te hais, t'es qu'un enfant gâté.

    Moi seule suis restée accrochée, à ce p’tit coin d'astral pour t'y chercher encore

    Mais t'étais jamais là, trop loin sur ta planète, putain d'planète j’te jure, t'y crèveras seul et con

    Comme un pantin fané, aux cordes distordues, à la psyché foutue, à l'égo ravagé...

    Je t'aime, oh! Reste encore, et dis moi s'il te plait, que t'as envie, que j’t'ai manqué, que j’s'rais jamais "plus rien", jamais...

    Oh et puis non, va, vis, voyage et respire la à fond cette sacrée liberté, et gardes en plein les poches, plein ta vie, c'que tu veux

    Va aimer qui tu veux, chéris puis dépéris, va gueuler sur la vie qui n’t’a jamais compris

    Va reviens et repars, souvent un train d’retard, t'es un mauvais ami? Peut-être, et bien tant pis.

    Là ; reste un peu quand même, on s'fâche pas quand on s'aime... Mauvais ami ou pas, t'es mon ami quand même...

    Rien ne peut changer ça, t'es parfois tellement là! T'es seulement tellement toi, que je n'suis qu'à un pas

    D'te dire adieu Hélas!, mais ... t'en vas pas toujours, Reviens me dire bonjour, je n'serais pas très loin.

    Mais Adieu c'est trop loin, je préfère A demain, même si demain parfois sera quelques semaines...

    Mais qui suis-je pour dire ça?

    Moi? Ton amie/ennemie, j’le suis "à la folie", j’le suis à l'abandon, même si j’suis seule au fond...

    Y a des danses en solo, je les danserai pour toi, quand tu seras trop las pour venir ici bas

    Cavaler avec moi après des idéaux, après juste des mots, après ce qui tient chaud

    Au moins jusque dans l’âme, enfoui là tout au fond quand tout le reste fait mal.

    A tes retours enfin, de nouveau on ira, puiser au creux de nous ce qui n'a pas de nom

    Partager l'émotion, un peu de toi, de moi ; Rebâtir l'horizon.

    Le regarder chacun d'où sera son chemin...

    Voilà.

    Ton absence me fait mal, j'aimerais que tu sois là

    J'ai envie de hurler que t'es le pire des cons, que j’t'en veux, mais au fond...

    Je te demande pardon car...

    Ma colère apaisée viendra dire ces mots là :

    T'es peut -être pas toujours l'ami dont j'ai rêvé,

    T'es capable parfois d'être pire que borné,

    Mais finalement...

    Vraiment, tu sais mon vieux, t'es pas si mal que ça...

    T'es pour moi, des amis, le plus cher que j'ai,

    Et simplement, c'est tout ce qui compte, Là.  




    Lili-A. ©



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  • Petite comptine macabre d'un amour déçu...



    Tes jolis doigts.




    Tu avais de si jolis doigts.

    Longs et fins, et bien articulés.

    Tu avais de si jolis doigts, et tu savais si bien t'en servir...

    Je me souviens...

    Ces premières fois où je les admirais, alors que tu les faisais

    danser sur un piano usé.

    Ces instants, enfin, où ils venaient effleurer les miens.

    Je me souviens encore, de nos nuits sans sommeil, où

    doucement ils caressaient ma peau, timides.


    Tu avais de si jolis doigts.

    Combien de fois m'ont-ils aimée?

    Combien de fois, sous la douce tiédeur des draps, sont-ils

    venus fouiller mes chairs, arrachant à ma gorge des cris que

    je ne m'expliquais pas.

    Tu avais de si jolis doigts, et grâce à eux, j'apprenais le

    plaisir.


    Tu étais si douée de tes mains.

    D'un simple geste, tu réussissais tout.

    La main verte, la patte du peintre, le doigt de talent

    culinaire, la paume douce, et le poil, bien planté dans

    celle-ci, les jours de relâche!

    Tu comptais toujours sur tes doigts, tu avais pour chacun, un

    ami, à sa place.

    Tu savais réparer mon cœur, lorsque parfois il se brisait, tu

    mettais le doigt sur mes erreurs, pour aussitôt les effacer.


    Tu avais de si jolis doigts.

    Mais pas un de jugeote...

    Pourquoi as-tu suivi cette autre?

    Je t'ai vu t'en aller et faire courir tes mains sur sa peau

    inconnue.

    J'ai vu tes yeux briller, tes doigts serrer les siens, et t'éloigner

    enfin.

    Tu avais de si jolis doigts.

    Ils ne viendraient plus enlacer mon cou, plus caresser ma

    joue, plus jouer ces airs fous sur le piano, où seule je suis

    assise.

    Je ne pouvais pas te laisser me les prendre.


    Tu avais de si jolis doigts.

    Alors j'ai regardé les ciseaux, ceux avec lesquels je n'aimais

    pas que tu joues, de peur que tu te blesses.

    J'ai fait courir leur fil sur le bout de mon pouce et j'ai senti

    la chair s'ouvrir.

    J'ai vu le sang perler et je l'ai avalé.

    Tu avais de si jolis doigts.

    Alors j'ai joué, j'ai joué à découper, et je ne m'expliquais pas

    tes cris.

    J'ai pensé qu'à mon tour, je t'apprenais le plaisir.

    Mais tes cris n'ont jamais cessé.

    J'avais mal à la tête, et tu n'avais plus de si jolis doigts,

    maintenant qu'ils ne décoraient plus le bout de tes petites

    mains.

    J'ai voulu te faire taire, j'ai découpé encore, un peu dans ta

    poitrine, allant chercher ton cœur.

    Tu me l'avais repris ...

    Sûrement tu es heureuse, car tu t'es enfin tu. Tu vois bien

    qu'elle n'était pas pour toi... cette inconnue.


    Tu avais de si jolis doigts.

    Mais tu ne t'en sers plus, pourquoi ne veux-tu plus?

    J'ai pensé que tes plats avaient toujours bon goût, avec un

    peu de toi, ce serait bien meilleur.

    J'ai fait bouillir de l'eau, j'ai branché le mixeur, et j'ai fait la

    cuisine, y mettant tout mon cœur.


    Tu avais de si jolis doigts.  






    Lili-A. ©





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  • Je ne sais si vous connaissez ce principe de physique qu'est la "cage de Faraday" , qui désigne une enceinte de laquelle rien ne passe vers l'extérieur ou inversement?
    Bien que cette expression désigne à la base un concept réel concernant des travaux sur la conduction électrique ou électromagnétique, il me sembla, ce jour où j'écrivis ce texte, que parfois l'esprit humain pouvait lui aussi se trouver hermétiquement enfermé , comme si les pensées rebondissaient sans fin sur les parois de notre esprit sans jamais pouvoir les franchir...
    C'est ainsi que je me sentais à ce moment là, enfermée en moi-même, sans possibilité d'ailleurs, ayant perdu ma capacité à m'exprimer...
    Depuis, j'ai toujours voulu faire de cette idée une nouvelle qui se passerait uniquement dans le méandre des pensées d'un personnage isolé du monde par de terribles handicaps (tétraplégie, cécité et surdité de naissance), mais jusqu'à ce jour, il n'en existe que des ébauches. Peut-être un jour réussirai-je à l'écrire vraiment?!



    La Cage de Faraday.



    J’me sens seule, j’me sens lasse.

    Personne à qui parler, L'Absent à qui confier...

    Le sommeil me manque, mais je ne veux pas monter

    Dans ma p’tite chambre toute nue, que j'ai déshabillée

    Où je ne me trouve pas, qui n'est pas vraiment moi.

    J'arrive pas à écrire, j'arrive pas à pleurer

    Tout est là, cloisonné, et j'ai perdu la clé...

    J’me sens vide, j’suis plus moi

    J'ai perdu mon émoi, les mots qui peuvent le dire

    Les larmes pour le sentir.

    Et j’trouve pas d'exutoire, j’suis comme un cri en cage

    Qui résonne et qui vrille, mais ne prend pas le large.

    Qui suis-je pour m'égarer, au sein même des idées

    Ces oiseaux de papier, qui s'échouent à jamais

    Qui s'en vont se cogner ; tête et vitre brisées...

    J’me sens enchevêtrée dans ma prison dorée,

    J’me suis toute emmêlée...

    Quel sacré beau merdier!   




    Lili-A. ©




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  • Suite à la lecture du Chant I de Sillah et l'Aimé, un ami proche m'envoya quelques mots de sa composition qui furent le prélude au Chant II que nous travaillâmes alors ensemble, et que je vous offre ici.
    Je le remercie, une fois de plus, pour son inspiration et son soutien inestimable qui aidèrent à nourrir la mienne et permirent d'amener une touche finale à l'histoire première de ces deux personnages.
    Bisous à mon Losty, qui ne perdra jamais le chemin vers mon cœur.



    Sillah et l'Aimé - Chant II

    (Co–écrit par Mehdi Mhalla)




    De Sillah il n’est plus rien,
    Et l’Aimé est resté là.
    Ceux qui Charybde ont passé
    Ont fini par succomber

    S’il est des blessures qui se referment
    Il en est d’autres qui restent là
    A cœur ouvert il erre encore
    A corps sanglant dans la douleur
    Il n’espère plus aucune lueur,

    [...]


    - Elle est plus là…

    [...]

    - Elle est partie…

    [...]

    - Je suis seul...
    [...]

    -Seul...

    [...]

    - Tout est fini....

    [...]

    Silence encore, enfin dehors, tout en lui hurle à l’agonie
    Peine, douleur, remords aussi, se jouent gaiement de son esprit
    Pauvre brindille ballotée, qui crisse qui hurle et qui gémit
    Il est à genoux, il n’en peut plus, il implore grâce,
    Des rires au loin...
    Satanée brume partout autour.

    Dans le délire de ses pensées, il le voit, cet aigle affamé
    venir encore, venir toujours, lui parler de son bel amour
    Il ne sent plus que la douleur ; dévorer même, il ne sait plus
    et quand au bout de tant de peine, son corps enfin, las, dépérit
    une pensée nette enfin se forme entre les miettes de son esprit :

    - Enfin …  




    Lili-A. ©




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